1- Détermination de l’avancement final :
1-1- Méthode :
Outre connaître le sens dans lequel va se produire la
réaction, on peut avoir besoin de prévoir les quantités de réactifs et de produits présents à l’équilibre. Pour ce
faire, il suffit d’exprimer les contributions de chaque espèce au quotient de
réaction, en fonction de l’avancement de cette réaction. On peut ainsi écrire Qr
comme une fonction uniquement de l’avancement et des quantités initiales de chaque espèce. En
posant alors qu’à l’équilibre, Qr = K, on obtient une équation
portant sur l’avancement, dont les solutions donnent la valeur de l’avancement
final. Cette équation peut parfois être du deuxième ordre, et donc présenter
deux racines réelles. Dans ce cas on vérifie lequel des deux avancements
calculés dépasse l’avancement maximal de la réaction, et on prend l’autre
valeur.
Attention : on peut très bien découvrir un avancement
négatif, pour peu que le quotient de réaction initial soit supérieur à K.
1-2- Exemple : acide éthanoïque :
Prenons à nouveau le cas des n0 = 1.10-2
mol l’acide éthanoïque à partir desquelles on fabrique 1 L de solution. Nous
partons donc d’une situation où [CH3COOH] = C0 = 1,0.10-2
mol/L. où il n’existe pas d’ions éthanoate dans le milieu réactionnel, et donc
où [CH3COOH]=0, et Qr
=0. Nous savons par ailleurs que la constante de la réaction :
CH3COOH(aq) + H2O
= CH3COO-(aq) + H3O+
A pour valeur KA = 10 -4,8. Donc au
départ, Qr< KA et nous pouvons dire que la réaction va
se faire vers la droite. Si nous souhaitons connaître l’avancement final, il
nous suffit d’écrire que pour un avancement x, nous avons :
·
[CH3COOH] = C0 – x
·
[CH3COO-] = x
·
[H3O+] = x , en supposant que x>> 1,0.10-7
mol.L-1.
Nous en déduisons l’écriture du quotient de réaction pour l’avancement
x :
Qr =
x²/(C0-x)
A l’équilibre, Qr = KA, d’où nous
déduisons l’équation du second degré en x : x² + KAx –C0KA =0
La résolution fournit alors deux racines pour x, de valeur
-4,0.10-4 mol/L et 3,9.10-4
mol/L. la première racine est inacceptable, puisque entraînerait une valeur
négative des concentrations en CH3COO-
et H3O+. la
seconde vérifie bien par ailleurs la condition x>> 1,0.10-7
mol/L, et l’on peut donc négliger la modification apportée au pH par
l’autoprotolyse de l’eau.
Nous retrouvons donc le résultat annoncé à l’article Réactions
chimiques non totales, à savoir qu’à l’équilibre, [H3O+] = 4.10-4 mol.L-1, donc
que pH =3,4.
Ceci n’est guère surprenant, puisque nous avons introduit un
acide dans une eau pauvre en ion H3O+. Ila a donc pu se dissocier à satiété, jusqu’à
ce que suffisamment d’ions H3O+
et CH3COO- soient en solution pour équilibrer cette
dissociation.
On peut prendre une situation un peu plus complexe, par
exemple supposons que nous ajoutions, sans variation de volume, 1,0.10-2 mol
d’éthanoate de sodium (s’ionisant complètement pour fournir des ions éthanoate)
à la solution précédente. Dans ce cas, les concentrations avant toute nouvelles
réaction seront :
·
[CH3COO-] devra prendre en
compte les ions provenant de la réaction précédente (3,9.10-4 mol),
et ceux nouvellement apportés (1,0.10-2mol), soit un total d’environ
1,0.10-2 mol, d’où [CH3COO-] 0 =
1,0.10-2mol.L-1 ;
·
[CH3COOH] se limite aux molécules
restant de la première réaction, donc
[CH3COOH]=1,0.10-2 –
3,9.10-4= 9,6.10-3 mol.L-1 ;
·
Les ions
H3O+se limitent à ceux issus de la réaction
précédente, d’où : [H3O+] =3,9.10-4 mol.L-1.
Nous en déduisons la valeur de Qr
en début de réaction :
Qr=
(1,0.10-2x3,9.10-4)/(9,6.10-3) = 3,9.10-4
Comme par ailleurs KA=10-4,8=
1,6.10-5, nous en déduisons Qr>KA, donc la
réaction se fera la gauche, jusqu’à un nouvel état d’équilibre que l’on
déterminera de manière analogue.
Essayons de comprendre pourquoi cela se
produit : en introduisant des ions
CH3COO-, nous offrons plus d’opportunité aux ions H3O+
de réagir. Ce faisant nous donnons plus d’importance à la réaction inverse de
la dissociation de l’acide éthanoïque, pour compenser celle-ci, il est
nécessaire d’avoir plus de molécules CH3COOH dans le milieu. En effet, en réagissant avec les molécules
d’eau, elles pourront à leur tour compenser la nouvelle réaction qui a été
amorcée par l’ajout d’ions éthanoate.