Transformations forcées - Électrolyse dans le cas de réactifs séparés



I-                    Électrolyse dans le cas de réactifs séparés :

   1-      Forçage d’une pile à contre-sens :

Nous avons vu que dans le cas des réactions d’oxydoréduction, il se produisait en fait deux choses : l’oxydation d’un réactif, et la réduction d’un autre. Dans le cas où les réactifs sont mélangés, ces réactions se font simultanément par choc des réactifs dans le milieu réactionnel, comme toute réaction chimique  ordinaire. Mais nous avons la possibilité de faire s’opérer oxydation et réduction dans des compartiments séparés (les demi-piles). Comment alors forcer la réaction dans le sens inverse ? Nous allons commencer par le car d’une association de demi-piles. Ce cas de figure nous permet en effet de bien discerner les réactions d’oxydation et de réduction, et de mieux comprendre comment inverser chacune d’elles séparément.
Reprenons l’association des deux demi-piles cuivre et fer. Dans la demi-pile du cuivre, les ions cuivre ils sont réduits en cuivre métallique, cette demi-pile est donc la cathode du système. Dans la demi-pile du fer, le fer métallique est oxydé en ion de fer II, cette demi-pile est donc l’anode du système.
Nous souhaitons inverser le processus, c'est-à-dire faire en sorte que dans la demi-pile du cuivre, le cuivre métallique soit oxydé en ions cuivre II. Intuitivement, nous voyons qu’il faudrait installer un genre de pompe à électrons, un dispositif qui ferait fuir les électrons de la demi-pile du cuivre. La récupération d’électrons entraînerait le sacrifice d’atomes de cuivre, qui passeraient sous forme d’ions cuivre II.
Parallèlement, il serait nécessaire que dans la demi-pile du fer, les ions fer II soient réduits en fer métallique. Ici, au contraire, il serait donc nécessaire de faire venir des électrons, de manière à fournir aux ions fer II de quoi devenir des atomes neutres de fer.
En somme, nous devons trouver comment inverser l’anode et la cathode du système constitué par les deux demi-piles (qui dès lors ne s’appellera plus pile, mais système électrolytique.

    2-      Réalisation :

Quel système permettrait ainsi de pomper des électrons d’un côté et de les redistribuer de l’autre ? Tout simplement un générateur électrique, dont nous brancherions la borne positive « + » sur la plaque de cuivre et la borne négative « -« sur la plaque de fer.
Dans ces conditions, au niveau de la plaque de fer, des électrons vont affluer ; les ions fer II, à leur contact, vont être réduits en atomes neutres de fer. Reste qu’alors la solution n’est plus électriquement neutre : ion fer II ayant été neutralisé, il existe deux charges « -«  excédentaires dans la demi-pile de fer. Cette neutralité va être rétablie par le pont salin, qui libère un ion dans la demi-pile de fer. Mais c’est alors à l’autre bout du pont salin, dans la demi-pile de cuivre, qu’il existe un excédent de deux charges « -«. Puisqu’il manque deux charges « + » pour que la solution soit neutre, et que la plaque de cuivre est reliée à un pôle « + », donc qui attire les électrons, un atome de cuivre va se délester de deux électrons au niveau de la plaque de cuivre (et assurer ainsi la continuité du courant électrique dans le circuit extérieur) en se transformant en ion Cu2+.
Ainsi, nous avons inversé l’anode et la cathode, en ce sens que nous avons inversé les électrodes où se produisaient respectivement l’oxydation et la réduction dans le cas d’une évolution spontanée.
·         Attention cependant au fait que l’anode reste le lieu où se produisent l’oxydation, et la cathode, celui où se produit la réduction.
·         Attention également au fait que l’anode de notre système électrochimique est reliée à la borne « + » du générateur électrique que nous utilisons.  C'est-à-dire, dans le cas d’un générateur électrochimique, à la cathode de ce générateur (la borne « + » d’une pile est le lieu où ses réactifs donnent lieu à une réduction, puisqu’ils consomment des électrons).
Réciproquement, la cathode du système que nous forçons est reliée à la borne  « -«  de la pile, c'est-à-dire à son anode (fig-1).
Or un générateur électrochimique, ou pile, est un système délivrant du courant électrique sur la base d’une réaction d’oxydoréduction spontanée. Nous constatons donc que si nous réalisons une réaction d’électrolyse à l’aide d’un générateur de courant électrochimique, nous utilisons en fait la spontanéité d’une réaction d’oxydoréduction (celle qui se produit au sein de la pile) pour en inverser une autre (celle que nous inversons dans la cuve à l’électrolyse).

   3-      Différence de potentiel :

On peut alors, une fois connu le procédé de manière qualitative, s’interroger sur les valeurs exactes à donner aux divers paramètres du dispositif pour que s’opère la réaction d’électrolyse. Expérimentalement, on constate que la réaction spontanée continue de s’opérer, mais avec de moins en moins d’efficacité, à mesurer que l’on augmente la tension du générateur. Lorsque cette tension est égale à la différence de potentiel générée spontanément par les deux demi-piles, la réaction ne se fait plus. Enfin lorsqu’on la dépasse, la réaction s’inverse : nous réalisons une électrolyse.
Il arrive parfois que la réaction d’électrolyse peine à s’amorcer : bien qu’ayant imposé une tension supérieure à la différence de potentiel entre les demi-piles, la réaction ne s’opère pas ou peu. Ceci provient tout simplement de facteurs cinétiques : rappelons que le fait qu’une réaction soit très favorisée (ici par une tension importante) ne présume pas de la facilité, de la rapidité avec lesquelles elle va se faire. Les produits seront très stables, mais pourront mettre beaucoup de temps à être formés.

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