Introduction :
Les transformations nucléaires dégagent environ un million
de fois plus d’énergie que transformation chimiques, d’où leur intérêt.
1- Équivalence masse-énergie :
Après Einstein, tout corps, même au repos, possède du seul
fait de sa masse une énergie dite de masse E=mc², qui s’ajoute aux formes
d’énergie habituelle (énergie cinétique, énergie potentielle…).
La valeur de la constante c, célérité de la lumière, étant
très élevée (voisine de 3.108
m.s-1), une masse minime équivaut à une énergie énorme.
Einstein établit l’équivalence
masse-énergie en 1905, mais il allait falloir attendre encore quelques
années avant que l’on ne découvre un mécanisme susceptible de faire disparaître
de la masse et de la transformer en une autre forme d’énergie. Ce mécanisme
allait mettre en jeu les noyaux des atomes.
2- Energie d’un noyau :
2-1- le défaut de masse du noyau :
La masse d’un noyau est inférieure à la somme des masses de
ses nucléons isolés, la différence constituant ce que l’on appelle de défaut de masse du noyau. Dans le cas
d’un noyau de symbole AZX, de masse m, le défaut de masse
Δm
s’exprime en fonction des masses du proton (mp) et du neutron (mn)
par la relation :
Δm=
Zmp + (A-Z) mn – m
A titre d’exemple, le défaut de masse du noyau d’hélium 42He
est 5,038.10-19 kg. Cette valeur très faible montre que le
kilogramme est une unité de masse peu adaptée à la physique nucléaire et
justifie l’utilisation de l’unité de
masse atomique (1u= 1,66054.10-27 kg), d’où une valeur de 3,034
u pour le défaut de masse de m’hélium 4.
2-2- l’énergie de liaison du noyau :
L’existence d’un défaut de masse peut paraître à première
vue paradoxale, car en contradiction avec la loi dite de conservation de masse.
En réalité, il faut raisonner en équivalence masse-énergie. Pour casser un
noyau et le réduire à l’état de nucléons séparés, il faut fournir de l’énergie.
L’apport d’énergie se traduit alors par une augmentation de masse. Inversement,
lorsqu’un noyau se forme à partir de nucléons séparés, le système cède de l’énergie
en perdant de la masse.
On définit l’énergie
de liaison d’un noyau comme étant l’énergie qu’il faut fournir à ce noyau
(au repos) pour dissocier en nucléons isolés (et immobiles). Elle a pour
expression :
El = Δm
C²
3- Stabilité des noyaux :
3-1- l’énergie de liaison moyenne par nucléon :
Pour comparer la stabilité des différents
noyaux, on définit l’énergie de liaison
moyenne par nucléon :
El/A
Plus un noyau est stable, plus il est
difficile de le casser et plus il faut fournir d’énergie par nucléon.
L’énergie de liaison par nucléon est de l’ordre
de quelque Mev (l’unité la plus adaptée à la physique nucléaire est le mégaélectronvolt 1 Mev = 106
ev = 1,6.10-13 j). la valeur la plus élevée est celle du fer 56,
dont l’énergie de liaison par nucléon est 8,8 Mev et qui est donc particulièrement
stable.
3-2- la courbe d’Aston :
Il peut être intéressant de visualiser la
courbe donnant l’énergie de liaison par nucléon El/A en fonction du
nombre de nucléons A. les noyaux les plus stables étant, comme nous venons de
le voir, ceux dont le rapport El/A est plus élevé, figureraient au
sommet de la courbe. Il est plus satisfaisant pour l’esprit d’associer les
noyaux les plus stables à des minimums, ce qui fait que l’on a coutume de
représenter - El/A en fonction de A (fig.1)
3-3- Exploitation de la courbe d’Aston :
Quels sont, au vu de la courbe, les noyaux les moins stables ?
Ce sont les noyaux les plus légers et les plus lourds.
Qu’adviendrait-il si l’on faisait fusionner les premiers ou
si l’on provoquait la fission des seconds en vue d’obtenir des noyaux moyens
plus stables ? en fournissant au départ une énergie égale à la somme des
énergies de liaison des noyaux légers ou des noyaux lourds suivant le cas, on
libérerait ensuite une énergie plus importante, égale à la somme des énergie de
liaison des noyaux moyens formés.
L’énergie récupérée aurait pour expression :
ΔE=∑noyaux formés Eliaison - ∑noyaux
initiaux Eliaison
La perte d’énergie lors d’une transformation nucléaire exo énergétique est bien sûr associée à
une perte de masse égale à la différence des masses des réactifs et des
produits.
ΔE
= (∑réactifs m - ∑produits
m) C²
4-
Fission et fusion nucléaires :
4-1- la fission nucléaire :
Certains noyaux lourds comme l’uranium 235 et le plutonium 239 se
scindent en noyaux moyens sous l’effet de neutrons lents, appelés neutrons
thermiques. Le neutron constitue un projectile car, n’étant par chargé, il peut
franchir la barrière électronique de l’atome et provoque la fission du noyau si
sa vitesse est adéquate.
Une des réactions possible de fission
de l’uranium 235 est la suivante :
92235U + 10n à 9438
Sr + 14054Xe + 2 10n
Les noyaux formés sont souvent radioactifs d’où un problème de
gestion et de stockage de ces déchets.
Quant aux neutrons émis, ce sont des neutrons rapides, qu’il est
possible de réutiliser afin de produire des réactions en chaîne après les avoir
ralentis par des modérateurs tels le graphite ou l’eau lourd.
Dans les centrales nucléaires, les réactions en chaîne sont
contrôlées par absorption d’une partie des neutrons émis (en général par des
barres de cadmium). Dans le cas contraire, le système diverge et une énergie
est libérée énorme est libérée pendant une durée très courte : c’est le
principe de la bombe A.
4-2- la fusion nucléaire :
Au cours d’une fusion
nucléaire, des noyaux légers s’assemblent pour former un noyau plus lourd. C’est
le cas de la réaction de formation de l’hélium à partir d’isotopes de l’hydrogène :
21H + 31H à 42He + 10n
Ce type de transformation exige des températures élevées (de l’ordre
du million de degrés) et s’effectue naturellement au sein étoiles. L’effondrement
gravitationnel de nuage d’hydrogène issus du big bang peut créer des conditions
de température qui permettent la fusion de l’hydrogène en hélium, puis la
création d’éléments plus lourds, carbone, oxygène… jusqu’au fer. L’énergie
libérée est évacuée par rayonnement : l’étoile brille !
Un coup d’œil sur le diagramme d’Aston (fig.1) montre que l’énergie
de liaison moyenne par nucléon des noyaux légers est supérieure à celle des
noyaux lourds. La fusion est donc plus «avantageuse »
que la fission et une bombe H libérera plus d’énergie qu’une bombe A
équivalente. A l’heure actuelle, des recherches sont en cours afin de contrôler
la fusion vue de l’utiliser à des fins pacifiques.